Lorsqu’une situation d’urgence survient, la première exigence de tout professionnel est de maintenir le calme, afin d’éviter toute forme de panique et de préserver ce qui peut encore être sauvé. Pourtant, aujourd’hui, en République d’Haïti, nos dirigeants semblent éprouver des difficultés à gérer non seulement l’urgence institutionnelle, mais aussi la panique émotionnelle qui envahit une grande partie de la population. Malgré l’adoption de plusieurs décrets relatifs à l’état d’urgence, ceux qui détiennent les rênes du pouvoir continuent de créer des situations de crise, souvent dans une course contre la montre dictée par des ambitions personnelles, qu’elles soient légitimes ou non.
Nous constatons actuellement que la scène politique haïtienne est envahie par des querelles et des scandales qui affaiblissent la confiance du peuple. La neutralité électorale du gouvernement Conille est mise en doute, et les scandales à répétition jettent le trouble sur l’impartialité de certains membres du gouvernement. Récemment, la Primature a été contrainte de publier une déclaration pour affirmer sa neutralité électorale. Cela soulève une question fondamentale : cette déclaration visait-elle à rassurer la communauté internationale ou bien le peuple haïtien lui-même ?
Il est naturel qu’un membre du gouvernement puisse nourrir des ambitions électorales non déclarées. Cependant, lorsque ces ambitions interfèrent avec les affaires publiques et nuisent à la gestion de la République, il devient nécessaire de recadrer ces comportements individuels. À titre d’exemple, rappelons l’intervention de Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères de la France, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies en 2003. En s’opposant fermement à une intervention militaire en Irak, il parlait au nom de son pays et non pour ses propres intérêts, démontrant ainsi qu’il est possible de servir la nation sans chercher à se promouvoir soi-même.
Panique dans l’urgence
Le peuple haïtien, dont l’espérance a été maintes fois ébranlée, continue de crier à l’aide, implorant ses dirigeants de le soutenir pour retrouver un équilibre social et économique. Hélas, chaque gouvernement qui accède au pouvoir semble échouer à concrétiser les promesses de changement. Certains affirment qu’ils ont tout tenté, mais les résultats sont demeurés insuffisants. Pourtant, il convient de se demander : est-ce vraiment qu’ils ne peuvent pas, ou bien est-ce qu’ils ne veulent pas ? Depuis plus de trente ans, nos dirigeants peinent à comprendre les aspirations et les attentes réelles de la population haïtienne.
Les démarches récentes de M. Edgard Leblanc visant à transformer la mission multinationale d’assistance sécuritaire en mission de maintien de la paix de l’ONU illustrent l’importance de cette initiative. En réalité, une telle mission, souvent décrite comme une force d’interposition, n’est qu’une reconnaissance tacite de l’échec des institutions nationales à gérer les conflits et les tensions internes. Cet aveu d’impuissance face à la faillite institutionnelle du pays ne saurait suffire à répondre aux aspirations légitimes du peuple haïtien à une gouvernance efficace et juste.
Pour nous autres, du Mouvman Ijans Ayiti, il est primordial que cette situation ne soit pas perçue comme une fatalité, mais comme une opportunité pour le peuple haïtien de reprendre en main son propre destin. Il est temps de cesser de compter uniquement sur des interventions extérieures et de se tourner vers une mobilisation intérieure, portée par un mouvement pacifique et résolu. Nous croyons fermement que le peuple haïtien a en lui la force de transformer son avenir à travers une action collective non violente, pour exiger des changements réels, profonds et durables.
Cette révolte pacifique ne doit pas seulement être un rejet des politiques actuelles, mais aussi une affirmation claire de notre volonté de bâtir une Haïti où la justice, la dignité et le respect des droits fondamentaux sont au cœur de chaque décision publique. En incitant chaque citoyen à se lever pacifiquement pour revendiquer un changement authentique, Mouvman Ijans Ayiti aspire à insuffler un nouvel élan de solidarité et de responsabilité collective au sein de la nation.
Ensemble, unissons nos voix pour faire entendre les aspirations du peuple haïtien à un avenir meilleur. Car, au-delà des promesses non tenues et des discours vides, il y a la volonté d’un peuple qui ne demande qu’à être enfin écouté et respecté. Ce mouvement pacifique est notre chemin vers une transformation véritable et durable de notre pays, portée par la force de nos convictions et la puissance de notre unité.